Commission
30 janvier 2025 - 10H Polyvia - 1 boulevard edmond michelet 69008 lyon
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L’ingestion de microplastiques ne peut tout simplement pas atteindre ni même approcher l’équivalent de la quantité de microplastiques contenue dans une carte de crédit.
Cette affirmation prend sa source dans le « Journal of Hazardous Materials » le 15 février 2021. Les auteurs, Senathirajah et al., des scientifiques des universités de Newcastle et Macquarie en Australie, articulent leur réflexion en deux étapes : (1) évaluation du nombre de microplastiques potentiellement ingérés annuellement par un humain ; (2) évaluation de l’équivalent de cette quantité en masse totale, en supposant la masse moyenne d’un microplastique.
Pour l’étape 1, les auteurs prennent en compte quatre sources alimentaires de microplastiques : les fruits de mer, le sel de table, la bière et l’eau. Pour chaque source, ils extraient des valeurs moyennes de présence de microplastiques dans des études préalablement publiées. La sélection de ces publications est non exhaustive. Cette première étape conclut à une injection annuelle de microplastiques par adulte située entre 12 000 et 193 000, soit une fourchette très large.
La suite de l’exercice réalisé par Senathirajah et al. se concentre sur l’évaluation d’une masse moyenne pour les microplastiques comptés.
Pour chacune des sources alimentaires, plusieurs hypothèses de tailles sont proposées sans explication détaillée, mélangeant des données issues de différents environnements tels qu’océan ou eau potable. Dans le cas du sel, par exemple, les auteurs postulent que la masse d’une particule de microplastique est de 25 mg, ce qui lui donnerait environ la taille d’un pépin de pomme !
Cette approche conclut à une série de scénarii dont les deux extrêmes sont les suivants :
La fake news se base en outre uniquement sur la limite supérieure de la fourchette estimée par les chercheurs.
Polyvia rappelle que les enjeux environnementaux, climatiques et a fortiori de santé publique exigent l'exactitude dans les recherches, l'exhaustivité des données et le respect des méthodes scientifiques. La science n’a pas vocation à être interprétée et utilisée comme outil de communication !
A cet égard, il nous paraît important de signaler qu’un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) incite à la prudence d’interprétation concernant les 5gr/semaine. De même, un article émanant d’une Université Autrichienne précise en substance que « a human eats a credit card worth of MPs not every week but every 23 thousand years ». Cette information a été confirmée à l’occasion de l’audition publique sur les enjeux scientifiques liés au traité international visant à mettre un terme à la pollution plastique qui s’est tenue le 11 mai 2023 au Sénat.
Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de recherche à réaliser sur le sujet de l’ingestion des microplastiques. Il est cependant essentiel de disposer de données solides pour nourrir le débat et Polyvia s’y emploiera à condition de ne pas tirer de conclusions hâtives d’études qui font partie d’un processus global de compréhension des effets des microplastiques, et d’en donner des interprétations erronées.